mardi 21 décembre 2010

Pour Noël : le blog de l'adoption vous offre une recette : Le Coca Poire !

Cette recette vient de m'être envoyé par le Pr Michel Roussey et je la fais totalement mienne, et la publie avec sa permission.
Monsieur Roussey est professeur de pédiatrie à Rennes, au risque de troubler sa modestie (bien réelle) j'ose dire que c'est un grand nom de la pédiatrie française, un grand nom comme je les aime, s'occupant plus de pathologies pour lesquelles il a inventé le nom de pédiatrie environnementale (il a publié des ouvrages sur ce sujet). Plutôt que de faire des recherches "passionnantes" sur la membrane cytoplasmiques du cloporte il a mené de grands combats pour des grandes causes de société où l'enfance était impliquée, et pour lesquelles il continue à se battre : la maltraitance à enfants, la mort inattendue du nourrisson, le dépistage, les maladies chroniques et les handicaps.... mais aussi l'adoption, puisqu'il continue à se battre pour qu'une consultation adoption (parfois appelée Coca) existe dans sa belle ville de Rennes.

Voici sa recette, bon appétit :


La recette du 14ème dessert de Noël

En cette période de fêtes on vient d'inventer un nouveau dessert : le COCA-poire.

1. Répondez aux parents adoptifs en organisant des COCA car la demande est importante et les besoins énormes, tout cela bien sûr à moyens constants en personnel et en coûts déficitaires pour l'hôpital (consultations longues, répétitives si nécessaire, absolument pas rentables sur le plan financier)...mais faites votre boulot de médecin face à une famille qui a besoin de votre aide, en complémentarité ce que font les Conseils Généraux et non en concurrence

2. Recevez les encouragements de certaines autorités qui reconnaissent l'utilité de ces COCA

3. Faites miroiter à votre direction une reconnaissance officielle du gouvernement avec des aides matérielles dans les faits et non avec des mots et projetez de pérenniser ces COCA

4. Répondez aux urgences lorsqu'arrive un séisme et augmentez les plages horaires de consultation au détriment d'autres activités de votre service et donc en vous pénalisant vis-à-vis de votre direction

5. Recevez les remerciements des autorités diplomatiques/non hospitalières qui se félicitent de la réponse des COCA face à une catastrophe

6. Faites toujours miroiter une reconnaissance officielle
...et vous avez des COCA prises pour des poires quand on leur demande de prendre en charge en urgence des centaines d'enfants qui arrivent d'un coup.
Qu'on ne vienne pas nous dire que nous sommes insensibles au drame haïtien, et maintenant au choléra.
La plupart d'entre nous n'ont plus rien à prouver dans leur exercice professionnel et leur engagement.
Une fois de plus on vient demander notre aide, à une période où l'hôpital impose des fermetures de jours de consultations afin de permettre à son personnel soignant de prendre ses congés, où les urgences débordent de bronchiolites et autres gastro, où les médecins aussi peuvent légitimement s’occuper de leur famille si on ne veut pas que la boutique explose et où ceux qui restent sont largement occupés.
Les urgences seront assurées bien évidemment mais pas forcément dans le cadre d'une COCA. Or ce n'est pas de cette manière que nous concevons un accueil digne de ce nom dans une COCA , tel que nous essayons de le faire en prenant le temps qu'il faut. Pourquoi une telle précipitation alors que ceci pouvait être anticipé depuis des semaines et programmé avec sérénité pour un accueil correct ?
Qu'on arrête de nous dire qu'on pourrait éventuellement être aidé si ce n'est pas le cas. Pourquoi maintenir ces consultations spécialisées ? Les Conseils Généraux ne veulent pas aider non plus. Revenons alors à ce qui se faisait avant et régressons.
Bref sommes-nous réellement utiles ? Il nous semble pourtant qu'on fait appel à nous.
Bonnes fêtes de fin d'année néanmoins et essayons de faire pour le mieux comme on en a l’habitude (alors pourquoi changer puisque ce sera fait !!!) car ce sont des enfants et des parents qui en ont besoin.
Mais il faut que les autorités responsables des adoptions internationales comprennent que toujours compter sur le dévouement et l'empathie des équipes hospitalières ne suffit plus, et qu'elles doivent se rapprocher du ministère de la santé pour faire attribuer aux COCA les moyens nécessaires.

Pr Michel ROUSSEY
Pôle de Pédiatrie médico-chirurgicale et de génétique clinique. Responsable de la COCA. Hôpital Sud. CHU Rennes

5 commentaires:

Véronique a dit…

Je signe des deux mains mais où pour faire avancer le schmilblick?

Véronique de Bretagne a dit…

Pour les petits qui arriveront tout prochainement dans notre belle Bretagne, il faut, et heureusement , il y a des hommes/médecins comme lui et vous ... merci pour eux
ou est ce qu'on signe ???

Seguettes et cie a dit…

Même question : où signe-t-on pour vous aider à pérenniser ces consultations ? Ou signe-t-on pour vous donner les moyens de continuer ? ou signe-t-on pour que nos enfants du lointain ou du pas lointain soient vus ? ou signe-t-on pour que nous, familles adoptives nous trouvions encore cette écoute ?
Merci infiniment de mener ce combat dans un silence assourdissant.

Amélie
Maman bio d'une princesse de 8 ans et maman adoptive d'une princesse de Chine qui va avec son mari aux consultations de COCA depuis 2 ans et qui ne manquerait pour rien au monde ce rendez-vous annuel.

Romi a dit…

Nous avons depuis quelques années, enfin surtout depuis 2007, l'habitude des précipitations.

On agit d'abord, on réfléchit après !!! enfin quand je dis "réfléchit" c'est un grand mot !!!

bon courage pour la suite ...

joyeux noël

Michèle

Bernardo a dit…

La main est plus rapide que l'oeil. C'est pour ça qu'on voit tant de coquards !

A force de balancer des poires, ça finit par des Coca(r)s ?